Avoir l’idée est une chose, mais pour la réaliser il a fallu répondre à beaucoup de questions : comment réaliser une WebTV en direct ? Avec quel matériel, quelles caméras, quels micros ? Quelle mise en scène allions-nous choisir, avec combien d’invités, et comment rythmer plus d’une heure d’émission ?
Petit à petit, pendant les premiers mois d’essais en pré-production et jusqu'à notre épisode pilote en juillet dernier, nous avons essayé de répondre à ces questions pour finalement arriver à un premier résultat à la rentrée.
Caméras de production studio
Je cherchais donc des caméras qui disposent d'une sortie standard avec une image "propre" et sans indications incrustées. C'est à dire sans indication de batterie, sans les repères, le timecode, etc. C’est malheureusement le cas pour la quasi majorité des caméscopes grand public (qui sont les moins chers).
Idéalement, ces caméras devaient être opérables à distance pour régler depuis la régie des paramètres comme la balance de blancs, la colorimétrie, la mise au point et ce genre de choses.
Blackmagic Micro Studio Camera 4K
Lors de mes recherches, j’ai découvert les petites caméras de studio de Blackmagic Design. Je me suis équipé de deux caméras de ce modèle et c’est avec elles que je filme aujourd’hui les différents épisodes de Ça Fait Echo.
Je suis tombé sous le charme de ces petites caméras. Tout d’abord à cause de leur taille réduite. Chacun des épisodes étant réalisés depuis un lieu différent, je déplace à chaque fois l’intégralité de mon matériel de tournage. Cela représente beaucoup de matériel. À tel point que je dois louer un petit utilitaire pour le transporter. La petite taille de ces caméras est donc un facteur non négligeable dans ces conditions.
Format standards
SDI, HDMI, Jack … et même au niveau des formats vidéo, cette caméra se repose sur pas mal de standards. Ce qui permet de l’utiliser avec des accessoires qui ne sont pas ceux de la marque. C’est assez cool.
Le plus gros avantage que je leur trouve, c’est leur monture d’objectif interchangeable et un petit capteur µ4/3. D’abord parce qu’il s’agit d’une monture d’objectif plutôt standard. Ensuite parce qu’un petit capteur comme le µ4/3 améliore la profondeur de champ et c’est exactement ce que je cherchais.
Les caméras disposent également de prises Jack 3.5mm pour l’entrée audio en plus de leurs micros intégrés respectifs. Elles incluent également une paire d’entrée/sortie sonore pour le réseau d’ordre.
Contrôle à distance et réseau d’ordres
Ce qui permet d’y brancher un micro/casque afin que le cadreur puisse discuter avec la régie. En théorie c’est une feature cool mais au niveau de la régie, BlackMagic a mis une entrée Jack très bizarre sur la console. Une entrée Jack 5,23 mm, norme PJ-068, spécifique pour les micros des casques d'aviation. Je n’ai donc pas encore eu l’occasion de tester cette fonctionnalité. Pourtant cela m’aurait été utile à plusieurs d’occasions.
Heureusement, je n’ai eu aucun problème pour utiliser le contrôle à distance des caméras. En plein live, je peux affiner les réglages depuis la régie au fur et à mesure de l'émission. Très pratique car on filme en soirée où la lumière évolue beaucoup. Je m’en suis énormément servi il y a quelques jours à Marseille pendant une captation vidéo de plus de 5 heures.
Très chère solution
Ces caméras gèrent également un réseau tally. La tally, c’est ce petit voyant lumineux au dessus de la caméra qui permet de savoir si cette dernière enregistre ou non.
Avoir toutes les caméras du plateau sur un réseau Tally c’est rigolo, parce que cela permet de savoir quelle est la caméra utilisée dans le flux de sortie en temps réel. Mais bon, c’est un peu surfait parce qu'à l’usage, je m'aperçois qu’il vaut mieux installer un moniteur de retour sur le plateau comme on le verra plus loin.
Comme on le voit, malgré le nombre de fonctionnalités et la qualité de ses caméras, elles ont quand même quelques inconvénients :
- caméra de studio uniquement, elles ne disposent pas d’enregistreurs intégrés. On se limite donc à des enregistrements en studio.
- le coût, c'est l'inconvénient d'une caméra où tout est à avoir en accessoire. Comme par exemple le moniteur, l’enregistreur, etc.
Je dispose de deux caméras commes celles-ci avec une variété limitée d'objectifs (pour le moment). Avoir en double le même modèle de caméra me permet ainsi d’avoir un rendu final homogène une fois les différents flux mélangés.
Le tout me permet d'assurer la captation en live d'un plateau ou d'une WebTV voire même d'une petite conférence. Mais pour faire des vidéos enregistrées, je fonctionne avec d’autres caméras.
Camescopes et DSLR pour les reportages
Globalement, je préfère les caméras aux reflex. Bien que les reflex peuvent potentiellement faire de superbes vidéos (dû à la taille des capteurs).
On le verra plus loin, même si l'émission est en live, on diffuse des petites vidéo filmées et montées avant l'émission. Pour ce faire, j'utilise d'autres caméras qui proviennent du stock de matériel que je m'étais fait pour la captation des afterworks et autres meetups.
- JVC GC PX 100
- petite caméra sportive LDLC de type GoPro
- Reflex Pentax.
À cela j’ajoute généralement des images prises tout simplement depuis … mon smartphone. En effet la grande majorité des smartphones disposent aujourd’hui de capteur vidéo de qualité (parfois même allant jusqu'à la 4K).
Mise en scène du plateau pour la WebTV
Lors de la première émission, j'ai été négligent sur la disposition du plateau.
Disposition
Après un moment de réflexion entre les deux premiers épisodes. Puis après avoir regardé ce qu'il se faisait sur d'autres émissions. J'ai trouvé une mise en scène plus cohérente pour la deuxième émission.
Je pose les deux caméras quasiment côte à côte face au plateau d'invités. Avec le présentateur au centre, de face, et les deux invités autour, trois quart profil. Une première caméra équipée d'un objectif grand angle filme toute la scène. Ouvrant également sur le public disposé derrière. Puis une seconde caméra filme en gros plan la personne qui parle. Cette dernière est opérée par un cadreur afin de pouvoir continuellement se déplacer de personne en personne au fur et à mesure de l'émission. Le résultat est satisfaisant.
Évidemment il me faudrait des caméras supplémentaires pour un résultat encore plus agréable. Pouvoir jouer avec deux caméras supplémentaires pour faire un champ contre champs pendant un dialogue ou un débat avec les invités serait le top.
Rythme
Autre nouveauté testée avec succès pendant ce deuxième épisode : les magnétos. Pendant la réunion de rétrospective du premier épisode, on s'est aperçu de plusieurs problèmes :
- le rythme de l'émission,
- pas de possibilité pour se donner des informations entre la régie et le plateau pendant l'émission.
Diffuser deux petits reportages réalisés en amont de l’émission change complètement le rythme de l’émission. Cela permet également de cadrer les débats. Ajouté à cela nous avons également rédigé un conducteur de l’émission, décrivant chacune des séquences que nous souhaitions.
Ces petits moments de magnétos ont permis de renouveler le plateau pour la deuxième partie de l’émission sans que cela ne se voit à l’antenne. Au passage, cela donne l’occasion de réajuster des consignes entre la régie et le plateau car nous ne disposons pas d’oreillette ou de moyen discret pour se passer des informations.
Retour son et image sur le plateau
Il a donc fallu trouver une solution pour diffuser ces magnétos à la fois dans le flux vidéo mais également permettre aux différents invités du plateau de le regarder. J’ai donc bricolé un système de moniteur de retour en plus des enceintes qui étaient déjà prévues dans le premier épisode.
Au départ, j’avais déjà prévu un retour son sur le plateau avec mon ensemble d’enceintes. Cela permet à tout le monde d’entendre ce qu’il y a sur la bande son en direct.
Mais lors de nos réflexions suite à l’épisode pilote, je me suis rendu compte qu’il fallait en plus de cela un retour de l’image. J’ai donc disposé un moniteur sur le plateau, face au présentateur. Ce dernier était branché à l’ordinateur faisant l’acquisition du signal de sortie de mon mélangeur vidéo. En plus de l’envoyer à NGinx pour la diffusion, il en envoyait également une copie sur le moniteur branché comme un écran externe.
Avec ce bricolage, on peut faire d’une pierre deux coups. Les invités et le public peuvent voir les différents reportages pendant leur diffusion et y réagir ensuite en plateau. Le présentateur peut avoir conscience de ce qui est diffusé en direct depuis le plateau.