C’est une réalité : il se passe beaucoup de choses un peu partout en France dans le “milieu” du web et de la tech. Quoi qu’en pensent certain(e)s.
Il est cependant dommage qu’il ne reste que peu de traces de cette énergie, de tous ces travaux réalisés.
Voilà deux ans maintenant qu’une caméra m’accompagne lors de certains de ces afterworks, meetups et autres événements auxquels j’assiste régulièrement. Parce que je commence enfin à avoir un résultat correct avec des vidéos visibles, j’ai envie de vous raconter pourquoi et comment je filme le web et les gens qui le font.
Il faut filmer les meetups. J’ai réalisé cela, je crois, en 2013. Probablement lors d’un des Apéro Web de Toulouse. Ce devait être encore l’une de ces supers soirées de conférences. Avec des intervenant(es) que je n’avais pas l’habitude de voir lors d’événements tels que Paris Web, Sud Web ou le forum de l’AFUP.
En juin, Meetup a publié une infographie sur l’écosystème des événements tech sur sa plateforme. Outre le nombre impressionnant d’événements de ce type par jour, c’est le dynamisme de villes que l’on n'attendait pas dans ce genre de classement ; comme Nantes, Montpellier ou Rennes.
Nous avons donc, d’un côté, un bouillonnement culturel grâce à une multitude exponentielle d’événements locaux. De l’autre, de plus en plus de conférences avec billetterie, commes celles que j’ai citées ci-dessus, font le choix d’inclure une dose de curation dans leur programme.
Lorsque j’investis chaque année plusieurs centaines d’euros pour une conférence, j’attends à découvrir chaque année un programme différent. J’espère y apercevoir de nouvelles personnes, de nouvelles idées, de nouveaux discours. C’est une des raisons qui me donnent envie de filmer ce que je vois lors de ces meetups :
C’est ma contribution aux équipes de Paris Web, de Sud Web, de l’AFUP, etc. J’espère que ces vidéos leur permettront de puiser pour leur curation dans le vivier extraordinaire que sont tous ces petits événements. Que ce que je peux voir ici, inspirera ailleurs.
Et puis la vidéo est un support parfait pour casser certains stéréotypes qui ont la vie dure. En filmant une conférence, je montre que les travailleurs du web sont plus sociables que ne le laisse supposer les préjugés. En allant plus loin même, il est possible de filmer autre chose que des conférences.
J’ai pu expérimenter cela en juillet 2016, en ne conservant de itSaucisse que le moment d’échange sous la forme d’un déjeuner informel. En montrant des groupes de gens pas si barbus qui discutent. En mettant en avant la place des femmes dans ces groupes de discussions. En filmant la convivialité et l'aspect social de cet événement.
Avoir une caméra permet donc de filmer autre chose que des conférences. Et le format permet de s’attaquer à d’autres sujets. Pourtant c’est difficile. En mai 2017 j’ai voulu montrer, en image, la journée du samedi qui s’auto-organise sous la forme d’un forum ouvert.
Mais là, la présence d’une caméra induit un facteur qui biaise les gens et la relation qu’ils peuvent avoir entre eux. Je me suis rapidement rendu-compte que cet exercice était trop compliqué.
C’est à cause de ce biais que, par exemple, je ne filme pas les commentaires et les moments d’échanges qui suivent les conférences. Les séances de questions c’est ce qui fait l’ambiance d’un événement. Pour profiter de l’ambiance, il faut s’y rendre.
En février dernier, lors d’un meetup, deux jeunes oratrices ont lancé un débat en plein milieu de leur conférence sur les relations entre les développeurs et les SSII. Sur le moment le sujet m’a quelque peu dérangé. Après réflection aujourd’hui, le fait de crever l'abcès était passionnant. Cependant je n’ai pas publié la vidéo. Car beaucoup de participants sont intervenus avec des anecdotes très personnelles et, étant dans le public, ces derniers n’avaient peut-être pas choisi d’êtres enregistrés.
A l’inverse, je ne comprends pas les raisons qui poussent des orateurs à refuser de voir leur intervention retransmise en vidéo. Ce fut le cas par exemple pour la Kiwi Party 2016. À partir du moment où l’on monte sur scène, on s’expose forcément au regard des autres. La vidéo ne fait que laisser une trace.
Je ne suis pas à le seul à filmer les conférences et les meetups sur le web et la tech. Il existe déjà des initiatives comme OpenTalk à Lyon, Elao avec les Elao Talks ou encore Montpellier Tech. La différence entre ces initiatives et ce que j’essaye de faire sera probablement ces deux valeurs qui me guident.
Filmer les meetups pour laisser une trace des travaux réalisés et pour contribuer au renouvellement. Voilà l’idée. Mais comment le faire quand on a passé la moitié de sa vie très loin des métiers de l’audiovisuel ?
Comme beaucoup de professionnels que je connais aujourd’hui, quand j’ai commencé à faire mes premiers pas en tant que développeur, il y a une quinzaine d’années, j'étais un amateur ignorant. Après des années de travail et de pratique c’est devenu mon activité principale. Pourquoi ne pas avoir la même approche ? Se laisser guider par l’envie de filmer et la passion de faire des choses. En acceptant les erreurs et même de perdre du temps.
À l’été 2014, j’ai donc décidé d’acheter une première caméra pour éprouver cette envie de filmer le web. J’ai fait l’acquisition d’un camescope Canon XM2 d’occasion. Bien que basé sur une vieille technologie en basse définition, sur cassettes, cela m’a permis de commencer à faire des vidéos pour un petit budget.
Avec cette première caméra, j’ai pu commencer à faire de la captation vidéo de conférences. Les problèmes sont tout de suite apparus :
Mon premier camescope, un Canon XM2 d’occasion
Mais je me suis surtout aperçu que mes vidéos de conférences étaient très ennuyeuses. Filmer quelqu’un qui parle de technique pendant près de trente minutes en plan large et fixe : c’est soporifique.
En allant analyser comment étaient faites les vidéos de conférences réalisées par des professionnels, j’ai réalisé qu’ils filmaient cela différemment. Si vous observez des vidéos de Paris Web par exemple, vous vous apercevrez que les orateurs sont filmés sous deux à trois axes différents. Par exemple, mon intervention de Paris Web en 2016 a été filmée avec deux caméras : une en plan large sur la scène. L’autre en plan serré, sur l’orateur. Cela donne plus de rythme à la vidéo.
J’ai essayé cette technique en faisant des prises de vues sur un deuxième axe avec mon reflex numérique le temps d’un meetup. Satisfait du résultat, j’ai acheté une petite caméra sportive de type gopro (LDLC Touch 2). Ce type d’appareils, avec leur grand angle, sont parfaits pour faire des plans larges, même dans de petites salles étroites.
Essayer, échouer, observer et reproduire. J’avais eu exactement la même démarche lorsque j’ai appris la programmation. C’est en allant observer le code source de logiciels open source comme Dotclear que j’ai appris le plus choses lors de mes premières années.
Comme je l’ai dit, la prise de son est un problème technique difficile à résoudre. C’est probablement ce qu’il y a de plus compliqué à faire lors de mes prises de vues. J’ai d’ailleurs était rassuré d’apprendre que cette problématique est partagée par beaucoup de vidéastes.
Cependant je supporte encore très mal des commentaires critiques, voire agressifs, sur mes premières vidéos. Oui le son est pourri mais au lieu de critiquer, aide-moi. Donne-moi des idées. Fait une revue bienveillante de mes vidéos.
Après avoir essayé divers micros (micro interne de la caméra, des micros serre-tête de qualité très moyenne), j’utilise désormais 2 micros :
Le tout mixé et amplifié avec un petit mélangeur audio (Saramonic SR-PAX2). Le résultat commence à devenir correct. Il y a cependant des choses que j’ai envie d’essayer. Comme la prise de son avec un smartphone ou encore investir dans un micro canon avec une perche.
Configuration de ma caméra, avec les accéssoires, lors de la captation d'une conférence.
Les organisateurs et les participants me critiquent également lors des événements. Installer mes projecteurs (3 projecteurs mandarines halogènes et/ou un panneau à leds) est une négociation quasi systématique.
Tout le monde se plaint que le trop plein de lumière empêche de lire les diapositives présentées sur un vidéo-projecteur. Oui mais voilà, sans lumière on se retrouve avec des images de mauvaises qualités où l’on ne distingue rien de ce qu’il se passe.
S’il faut faire des compromis pour satisfaire tout le monde lors des tournages, il faut aussi savoir faire des choix. Lorsque l’on expérimente seul et avec peu de moyens une activité comme la vidéo, il faut vite apprendre à se concentrer sur certains aspects et abandonner d’autres choses.
Lors de mes deux premières années chaotiques, j’ai expérimenté à deux reprises la diffusion en live. Avec des logiciels comme OBS, c’est très aisé. Cependant, cela suppose plusieurs difficultés : l’incrustation des slides n’est apparement pas possible avec un Avermedia sous Linux. Et je ne peux pas imposer aux organisateurs et aux conférenciers une machine dédiée à la diffusion sur laquelle je pourrais capter le signal de l’écran. J’impose des projecteurs pour la lumière et un micro supplémentaire pour la prise de son …
De plus, comme je suis seul, un live m'oblige à me concentrer sur la diffusion. Ce qui m’empêche de faire des plans serrés en suivant la personne qui parle. Les orateurs ont tendance à être des acteurs indisciplinés et à se ballader partout. Je préfère concentrer mes efforts sur des plans serrés sur l’orateur. Avec d’autres caméras pour filmer sur différents axes afin de dynamiser la vidéo.
De plus, cela me permet de concentrer mes investissements ailleurs. L’été dernier, j’ai par exemple pu me séparer de ma vieille caméra DV pour un camescope numérique et HD (JVC GC-PX100BE).
Quoi qu’il en soit, les meetups sont très peu suivis en direct. Je préfère prendre le temps de publier une vidéo et essayer de la faire de la meilleure qualité possible. Plutôt que de faire des choses en live, où tout peut se passer et où il devient difficile de corriger une erreur.
Deux objectifs, de l’éclairage, des micros pour le son. Aujourd’hui je commence à être équipé en matériel pour pouvoir faire des choses.
Le web, ce n’est pas que du code et des conférences. C’est aussi des gens, des rencontres, des idées. J’ai aussi envie de filmer cela. De laisser une trace de ce qui se fait, pourquoi et par qui. Le genre de choses que l’on ne voie jamais. Je me limite à la captation des conférences car, pour le moment, c’est ce qu’il y a de plus facile et pratique à réaliser. Mais tant de choses restent encore à dévoiler.
Lorsque j’ai commencé à parcourir les meetups avec mon vieux camescope DV, j’ai eu l’occasion de faire une session d’interviews chez Bedycasa. Réaliser ce film et le monter m’avait procuré énormément de plaisir. Bien que le résultat soit un peu trop mielleux à mon goût, c’est une expérience que j’ai envie de retenter en essayant d’améliorer le rendu, de faire quelque chose de plus fun et dynamique.
J’ai toujours bloggué, publié des choses. Aujourd’hui c’est la vidéo qui, comme support, m’intéresse et m’inspire de plus en plus.
Il faut dire que sur la toile, de nouveaux contenus vidéos font leur apparition depuis quelque mois. Je vais prendre pour exemple ces mini-vidéos publiées par des éditeurs comme Brut ou Explicit sur Twitter.
Après le meetup emploi de l’afup Montpellier en avril dernier, j’ai essayé de résumer certaines conférences dans un format très court, inspiré de ce principe.
Les organisateurs de tels meetups peuvent également s’inspirer de la publicité pour concevoir des clips promotionnels et pour promouvoir leurs événements. Avec quelques rushes d’un human talk à Montpellier, je m'étais amusé à réaliser un petit clip sous la forme d’un spot de publicité.
Je vais continuer à filmer le web. En espérant que les vidéos des meetups auxquels j’assiste en province puisse aider à faire émerger une nouvelle génération d’oratrices et d’orateurs sur la scène des conférences tech en France.
Je vais continuer d'expérimenter des choses dans cette nouvelle activité de vidéaste amateur. Cette période d’apprentissage et de tâtonnements me rappelle chaque jour un peu plus mes premiers pas dans le développement.
Je vais continuer d’explorer ce qu’il est possible de faire avec la vidéo. De nouveaux contenus, de nouveaux formats sont à inventer et à publier sur le web.