Pendant quelques années avec mes complices montpelliérains, nous avons organisé une série de meetups tech. Entre 2014 et 2017, je me suis mis en tête de réaliser la captation vidéo de ces diverses conférences.
Aujourd’hui, nous allons plus loin et la vidéo est directement intégrée dans la conception de nos afterworks. Ces derniers sont devenus de petits épisodes d’une Web TV diffusés en direct : Ça Fait Echo.
Le résultat est modeste. On voit clairement que c’est réalisé par des amateurs. Mais je retrouve le plaisir de mes débuts sur le web : faire des choses et apprendre tout en créant.
En septembre 2014, quelques mois après mon arrivée à Montpellier, je me suis remis à assister à des meetups, des afterworks et autres conférences. C’est même à partir de ce moment là que je me suis déplacé dans ces événements, une caméra à la main avec pour idée en tête de filmer le web.
Pendant trois ans je me suis déplacé dans plusieurs de ces Afterworks animés par la communauté tech de Montpellier pour filmer les petites conférences qui y étaient données.
Un travail bénévole, long, fastidieux, loin de mes compétences initiales et qui également coûte cher en investissement de matériels. Mais petit à petit, j’ai commencé à acquérir certains réflexes. J’ai retrouvé certains automatismes d’apprentissage que j’avais oublié.
Malheureusement comme toute action bénévole, certains interlocuteurs oublient parfois le caractère gracieux d’un tel investissement. Qu’il s’agisse de remarques telles que cela en est-où le montage ?
Je ne comprends pas, je te vois faire d’autres vidéos ?
ou pire, du mépris comme Ah bon ? Tu filmes les meetups. Elles atterrissent où les vidéos ?
. Si vous vous demandez pourquoi un bénévole investi arrête subitement son travail de captation vidéo, je vais vous donner une piste : il s’est probablement épuisé à le faire.
Moralement d’abord car le travail de production (montage, etc) peut-être excessivement long. Financièrement ensuite ; j’y reviendrais plus loin mais produire la captation vidéo d’une conférence coûte. Comptez au minimum 400,00 € pour un meetup voire carrément 2500,00 € pour une journée complète.
À côté de ça, l’engouement pour la captation vidéo des afterworks et autres meetups est indéniable. Comme par exemple, cette petite anecdote qui m’est arrivée l’année dernière et qui a été un des éléments déclencheur dans la production de Ça Fait Echo.
En septembre 2017, nous avons organisé un meetup sur la place des femmes dans l’informatique. Cela faisait désormais trois ans que je filmais régulièrement des événements de ce type à Montpellier.
À l’annonce du programme de la soirée, plusieurs personnes m’ont demandées sur Twitter : Est-ce que ce sera filmé car je ne pourrais pas venir ?
.
Cela a sonné comme une évidence. Pour être accessible il fallait changer de format. Les meetups c’est bien mais pleins de gens ne peuvent tout simplement pas (ou plus) venir. Il faut trouver des solutions de garde pour les enfants, il faut pouvoir se déplacer, etc. Quelques temps plus tard, plusieurs personnes m’ont confiées leur regrets de ne plus pouvoir ce rendre dans des événements de type meetup ou afterwork pour ces mêmes raisons.
C’est partant de ce constat que, accompagné de tout ce qui compose désormais l’équipe de Ça Fait Echo, j’ai commencé donc à imaginer un nouveau format. Quelque chose de différent où la vidéo, et donc la capacité de suivre l’événement à distance ou en différé, est devenu l’élément central.
Réaliser une émission sur la tech, en live et en public. Au départ, je n'étais pas convaincu par ces deux aspects du projet qui sont devenus au fil de nos discussions les marqueurs de notre émission.
Jusqu’alors je m’étais refusé, après quelques essais infructueux à réaliser de la captation vidéo en direct.
Par exemple, lors de mon tout premier live j’ai carrément oublié de mettre la source sonore dans OBS, le logiciel que j’utilisais pour diffuser le flux vidéo. Donc, pas de son pendant les (trop longues) premières minutes. C’est depuis cette expérience que je vérifie systématiquement l’image et le son sur la plateforme de diffusion à plusieurs reprises pendant le direct.
Je m'étais rendu compte de cette erreur grâce à des commentaires de spectateurs du live. C’est ce qu’apporte un live streaming. Cela permet des interactions avec les gens à distance. Il facilite également le travail de production ; pas de montage et moins de travail en post-production.
Aujourd’hui nous assurons la réalisation à deux. Je suis en régie, à la réalisation et un complice opère derrière la caméra pour recadrer là où il le faut tout au long de la diffusion.
Reginald, complice de l'ombre de l'émission au travail dérrière une caméra.
Évidemment cela pose des questions sur les plateformes de diffusion. Youtube, Facebook Live, Periscope … Sont-ils de bons outils ? Quelles alternatives ? A titre personnel, je trouve très bien les projets comme Peertube, mais il manque une fonctionnalité essentielle : la gestion de la diffusion en direct.
De plus, il est possible de diffuser soi-même avec des logiciels libres. Nginx gère très bien les flux vidéos. Je m’en sert d’ailleurs pour faire du multi-casting. Mais si je souhaitais, à l’instar de PSES (Pas Sage en Seine), diffuser mon flux avec ma propre infrastructure, je ne pourrais pas. Il me faudrait monter tout un ensemble de serveurs pour le faire. Mais surtout : le maintenir. Pour cela il faut des moyens et surtout, des compétences que je n’aies pas. Ou qui sont sollicitées à la production de l’émission.
En public car le lien doit être conservé. L’une des choses qui nous a tous, membre de l’équipe, profondément marqué et changé en participant et surtout en organisant ce genre d’événements : c’est les rencontres. Le lien social, les discussions … Le réseaux diraient certains. Cela nous a enrichis.
Pour nos premières émissions, le public a joué le jeu. Il est venu. Des gens se sont spontanément proposés pour assister à l’émission. Ils n’ont pas hésité à diverses reprises à prendre la parole pour faire des interventions pertinentes.
Malheureusement tout cela coûte cher. Comme pour les meetups, la passion prend le dessus et nous fonctionnons pour le moment avec de l'autofinancement. Plus clairement, l’argent vient de nos poches.
Pour avoir une échelle de valeur : un épisode de Ça Fait Écho coûte, environ (difficile de donner un chiffre exact car nous n’avons pas encore totalement fixé le cahier des charges pour une émission), entre 500 et 800 euros. Sans compter la main d’oeuvre qui, heureusement est composée de gentils bénévoles.
Grâce à mes économies j’ai pu investir dans pas mal de matériels pour réaliser ces émissions :
Mes caméras sont reliées au mélangeur. Ce dernier fait l’acquisition du signal de chacune et me permet de choisir quelle source vidéo je diffuse et m’offre un large choix de transitions.
Un premier ordinateur fait l’acquisition du flux mélangé grâce à un petit boîtier d’acquisition SDI (un bon vieux câble coaxial très utilisé dans la vidéo). J’envoie ensuite à Nginx le signal acquis. Techniquement, je le fais sur une machine totalement séparée. J’envoie le signal d’une machine à l’autre avec OBS via le protocole RTMP. Ma seconde machine va re-encoder et distribuer le flux sur différentes plateformes.
Pour discuter de tout ça, j'animerai pour Dev’In Rodez le mercredi 10 octobre une conférence/atelier sur la production et la diffusion de vidéo sur internet. Ce sera l’occasion de s’attarder un peu plus sur la config Nginx et pour les gens présents de manipuler de plus près tout ce matériel.
Quel modèle pourrait financer cela ? La publicité pose un gros problème car les plateformes de diffusion s’accaparent les revenus publicitaires sur les vidéos. À ce propos, les conditions d’utilisation de Youtube sont assez claires :
Vous vous engagez à ne pas utiliser le Service (y compris le Lecteur YouTube) dans l’un des buts commerciaux suivants, sans l'autorisation préalable écrite de YouTube :
- la vente de l'accès au Service ;
- la vente de publicité, promotions et de sponsoring placés sur ou dans le Service ou le Contenu ;
- la vente de publicité, promotions et de sponsoring sur toute page de tout blog ou site web recevant de la publicité et comportant le Contenu fourni via le Service, sauf si d’autres éléments n’ayant pas été fournis par YouTube apparaissent sur la même page et ont une valeur suffisante pour justifier cette vente.
Avec de telles conditions générales, Youtube s’accorde tous les droits publicitaires sur les vidéos diffusées via son service. Normal, c’est leur gagne-pain. Mais si vous basez votre diffusion sur ces plateformes et que vous souhaitez vous financer en apposant des logos d’entreprises sponsors par exemple, vous prendrez alors le risque de vous voir couper l’accès au service.
Vous en doutez encore ? Parce que vous avez probablement en tête les vidéos de conférences qui intègrent les logos de leurs Sponsors dans leurs vidéos. Pourtant il apparaît qu’elles ne sont potentiellement pas à l’abri d’un revirement de la part de Youtube. Ils insistent bien :
Les créateurs YouTube ne sont pas autorisés à intégrer de la publicité, du sponsoring ou d'autres types d'annonces pour le compte de sponsors ou d'annonceurs tiers dans leurs vidéos [...] notamment des annonces vidéo (annonces pré-roll, mid-roll et post-roll), des superpositions d'images et des bumpers vidéo. Cela constitue une violation de la section 4 de nos Conditions d'utilisation. Une fois une telle violation avérée, YouTube se réserve le droit de désactiver la monétisation pour les vidéos contenant ces promotions non autorisées pour le compte d'un tiers et/ou de supprimer lesdites vidéos.
Reste la question des formats. Ca Fait Echo est une émission de plus de quatre-vingt-dix minutes d’entretiens et de débats. Nous avons trouvé un équilibre intéressant.
Nous publions régulièrement en plus de l’émission des extraits très courts. Ces vidéos attirent plus facilement de l’audience que l’émission complète car ils se regardent et se partagent plus facilement.
Il ne faut pas opposer des vidéos en format court avec une longue émission. Les deux sont complémentaires. Surtout que je commence à avoir le sentiment que les plateformes comme Youtube vont se mettre à valoriser les longs format dans les prochains mois.