Il n'y a pas de 24 jours de web cette année ! Mais plein de gens biens vont écrire des articles tout au long du mois de décembre et les partager avec le hastag #nowwwel.
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Lorsque l’on rejoint une nouvelle équipe il existe une période d’euphorie un peu géniale durant laquelle tout ce que l’on met en place est accepté sans difficulté. Durant ces cent premiers jour tout est facile et l’on ne se heurte à aucune friction.
Un état de grâce où l’on peut apporter énormément de choses sans la moindre résistance au changement. Puis, au bout d’une centaine de jours environ, les difficultés commencent alors à se faire ressentir.
Cent jours. Voilà qui nous rappelle un petit morceau de l’histoire Napoléonienne. Mars 1815. Exilé sur une île de la Méditerranée, Napoléon décide de s’enfuir pour reprendre le pouvoir à Paris.
Dés lors qu’il pose le pied sur une plage du sud de la france, Napoléon s’engage dans sa reprise du pouvoir. Rassembler ses forces lui prendra une vingtaine de jours. Il mettra même en scène ces quelques jours lors de sa remontée vers Paris. Cela correspond à la période d’accueil, lorsque vous arrivez par exemple dans une nouvelle équipe. Un nouveau venu mettra de une à deux semaines pour s’installer. Découvrir le métier, les outils, les traditions, la culture d’entreprise.
Récement j’ai vu un collègue profiter de cette période pour faire des entretiens WTF. Le but étant de recueillir les WTF pour entendre les problèmes afin d’y apporter des solutions. En l’absence de documentation, j’ai vu une autre collègue profiter de sa phase de découverte pour écrire et documenter le projet. Ce sont des façons intéressantes de tirer profit de cette phase de découverte.
Pour ma part j’aime voir, toucher. Je profite donc de cette période pour me plonger dans le code. En essayant de comprendre, d’apréhender l’architecture du projet par exemple. Avec du recul aujourd’hui, je trouve que je néglige encore trop les gens au profit du code durant cette phase.
C’est la période d’exercice du pouvoir de Napoléon. Il reprend le contrôle de l’administration et de l’armée. Modifie la constitution et reprend sa guerre contre le reste de l’Europe. C’est là, durant ces 80 jours environ où vous pourrez mettre en place des choses (certains évoque un état de grâce qui oscille entre 2 et 3 mois).
Durant cette période, ne proposez jamais : faites. Bizarrement votre statut de petit nouveau vous permettra de mettre en place énormément de choses sans jamais vous heurter, durant ces cent premiers jours, à la moindre levée de bouclier. Profitez-en pour donner l’exemple. Faites des revue de code bienveillante par exemple. Ne parlez pas de tests unitaires : écrivez-en !
N’hésitez pas à vous attaquer aux sujets les plus difficiles. Si quelqu’un doit le faire dans l’équipe : c’est le nouveau. C’est par exemple le meilleur moment pour vous attaquer au pire code de votre projet. Ce vieux code qui s’effondre sous le poids de la dette technique. Il est pour vous.
Mais attention : ne vous occupez pas des outils. Changer la culture ou l’état d’esprit est plus difficile que de changer les outils. Il est important de faire bon usage de votre super-pouvoir du nouveau venu. Plus vous avancerez, plus la résistance au changement sera dure. Changer les pratiques vers plus d’agilité, plus de bienveillance tout en restant concentré sur le besoin de vos utilisateurs vous sera plus difficile par la suite. Alors que changer un outil ne nécessite pas de super-pouvoir.
Au bout de cent jours vous devrez normalement expérimenter vos premiers échecs. C’est à ce moment également que vous allez vous rendre compte que dans votre équipe certains sont en désaccord avec vous. Bref, les difficultés commencent à pointer le bout de leur nez.
Les solutions que vous proposerez commenceront à être refusées. Fini le temps ou vos idées seront mises en oeuvre par magie. Il faudra dorénavant composer et convaincre. Avec des arguments étayés. Parfois même, vous devrez accepter de ne pas avoir raison. Cette période peu avoir les mêmes effets sur vous qu’un baby-blues.
Évidemment nous ne sommes pas Napoléon. Nous ne finirons pas tous en exil sur l’île de Saint-Hélène. Nos collègues ne sont pas non plus le duc de Wellington ou l’armée prussienne. Mais tout de même, comme Napoléon, vous finirez par essuyer un gros échec au bout d’une centaine de jours. Cela signera la fin de votre état de grâce.
Profitez à fond de votre période des cent jours pour vous mettre en danger. Faites des choses, quitte à vous planter. Prennez du recul aussi. Avant votre retour par exemple, profitez d’un exil sur l’île d’Elbe (ou tout autre équivalent) pour faire le point sur vos expériences passées et savoir à quoi vous souhaitez dédier vos cent premiers jours suivant.
Mais retenez une chose, cet état de grâce ne s’applique pas seulement lorsque vous arrivez dans l’équipe. Il s’applique également lorsque vous changez, que vous devenez une autre personne. À votre avis, pourquoi les personnages politiques s’évertuent à nous convaincre qu’ils ont changés ?
À la fin de votre période des cent jours, apprennez. Prennez le temps nécessaire pour prendre du recul et faire le point. Faites des rétrospectives, écrivez sur vos expérimentations, partez en conférence, discutez. Changez. Une fois que vous aurez fait ce travail, vous pourrez alors revenir vers votre équipe comme une nouvelle personne et profiter d’un autre état de grâce, de 100 jours.
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